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Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme,
globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi
que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent
avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore
un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales,
des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un
immense cimetière. Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef
de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes.
Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir
s’immerger dans le travail, Luv s'envole vers le Groenland. Ils sont
maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire. Le
lendemain a lieu la première disparition.
Voici une lecture glaçante. Glaçant dans tous les sens du terme. Glaçant parce que nous sommes au cœur de la nuit Arctique avec ces conditions extrêmes. Glaçant par le récit de ce B-52 qui s'abima dans l'océan arctique avec quatre bombes nucléaire à son bord. Glaçant par les conséquences de ce crash, encore de nos jours. Glaçant par l'inconscience et l'indifférence des gens face à la disparition des glaces, des ours et des inuits. Seul compte les richesses souterraines qui peuvent être extraite. Comme on dit, loin des yeux, loin du cœur.
Nous sommes à quelques miles de base militaire aérienne de Thulé, au cœur d'une mission scientifique venue étudier les conséquences dues au changement climatique. Enfin, c'est la raison de la mission, mais tout le monde est il là pour ce but ? Rien n'est moins sûr ? Et voilà qu'après la découverte d'un cimetière glacé de bœufs musqués, tout s'accélère. Disparitions, empreintes suspecte autour de la mission, sous entendus, non dit. Et cette nuit glacée, oppressante ; ces tempêtes qui apparaissent aussi vite qu'elles s'arrêtent.
Bon, le début est un peu cafouilleux. Nous passons beaucoup de temps avec Luv Svendsen et sa vie pas simple du tout qui ralentit la mise en route de l'histoire. Sans compter que la fin de son histoire propre est quelque peu bâclée et n'apporte rien au récit en lui même, sinon remplir quelques pages de plus. Mais, cela s'enchaîne à un rythme soutenu avec son arrivée sur la base scientifique et là... nous plongeons avec horreur dans cette nuit sans fin. Et nous, jusqu’où serions prêt à aller pour survivre ? Et bien pas évident de répondre à cette question. Les personnages vont au bout d'eux même de leur résistance physique et psychologique sans jamais tombé dans le mélodrame. Il faut vivre, survivre dans cet enfer blanc, qui ne pardonne aucune faiblesse.
Je ne classerai pas cette lecture dans la catégorie Thriller car, pour ma part, il n'y a pas un vrai suspens. On comprend assez vite qui est cet ours qui sème la terreur mais cela n'enlève en rien à la tension que cette lecture fait naître chez nous. Tous sont des survivants qu'ils soient animal ou humain.
Et puis une autre facette de ce livre, c'est le militantisme de l'auteure face à l'inexorable destruction de cette parcelle de terre. Que vaut la vie de ces minorités face à la cupidité humaine. Cette prise de conscience est effarante face aux réalismes du récit, des descriptions. Un bel hymne à la vie. Il serait peu être temps que nous regardions le monde avec des yeux d'enfants afin de prendre conscience de la beauté qui nous entoure.
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