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« Sur la carte du zodiaque chinois, où le sud est toujours placé en haut, le singe et le tigre sont représentés à leur place exacte, tandis que les autres animaux sont simplement représentés par des idéogrammes. » Ainsi commence la préface, rédigée par Van Gulik lui-même, du recueil Le singe et le tigre qui regroupe deux longues nouvelles, placées l’une au début de sa carrière lorsqu’il est magistrat de Han Yuan cadre de l’étrange meurtre sur un bateau de fleur et l’autre à la toute fin de son parcours de juge de district, alors que nommé président de la cour métropolitaine de justice, il se rend de Pei-Tchéou à Tch'ang ngan juste après les tragiques évènements décrits dans l’énigme du clou chinois.
Ces deux histoires, de quelque 100 pages chacune, sont en fait de petits romans parfaitement ciselés. Dans la première, Le matin
du singe, un gibbon met notre juge sur la piste d’un crime en
apparence crapuleux et impliquant de crasseux personnages des bas-fonds
mais bien évidemment plus complexe et tragique
qu’il n’y parait. La nuit du tigre, ma préférée, est un huis-clos d’une nuit un peu dans la manière du Monastère hanté
en plus sombre. Séparé de son escorte par la crue d’un fleuve, le juge
trouve refuge au crépuscule dans une ferme fortifiée, assiégée par une
bande de brigands qui se
préparent à attaquer dès l’aube. Installé dans la chambre de la
fille défunte de la maison, notre juge découvrira qu’un autre drame se
trame dans l’ombre (un drame se trame, je ne recule vraiment
devant rien!).
Je
préfère habituellement les romans aux nouvelles qui me laissent souvent
sur ma faim mais ici l’auteur prend le temps
de planter son décor et de brosser précisément ses personnages. Ces
deux intrigues sont au reste essentiellement destinées, me semble-t-il, à
mettre en scène quelques types curieux, le lettré
rattrapé par la crise de la cinquantaine, le père prêt à tout pour
son fils handicapé, la vagabonde éprise de liberté, la joueuse de luth
distinguée mais maladive... Comme à son habitude,
l’auteur nous fait partager avec bonheur et simplicité un peu de son
immense érudition, lui qui pratiquait le luth à sept cordes, écrivait
des articles sur les gibbons et s’intéressait à la
complexe astrologie sexagésimale chinoise. Raffiné.
Pour en savoir plus sur l'auteur ou le fameux juge Ti, n'hésiter par à cliquer sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Juge_Ti
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